Du 12 au 15 septembre, le GIIF de la Banque mondiale, a organisé un symposium à Dakar, sur le renforcement de la résilience financière contre les risques climatiques dans les pays francophones. Ce symposium a réuni une délégation diversifiée de plus de 120 représentants venant des pays suivants : Sénégal, Mali, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Togo, Djibouti, Bénin, Madagascar, la République Démocratique du Congo, Mauritanie, Burundi, Zambie, Kenya, Ouganda. Cette rencontre a été un creuset d'idées, d'expériences, et d'expertise.
Les délégués provenaient de divers secteurs, englobant à la fois le secteur public et privé. Le secteur public était bien représenté par des responsables des ministères des Finances et de l'Agriculture, tandis que le secteur privé comptait des professionnels des compagnies d'assurance et des institutions financières. La présence de ces divers acteurs a souligné l'urgence collective et la responsabilité partagée de faire face aux risques climatiques.
Le monde académique s'est également fait entendre, avec des personnalités notables d'institutions éducatives de renom, soulignant l'importance de la recherche, de la diffusion des connaissances, et du rôle des institutions éducatives dans la définition des politiques et des stratégies. Pour enrichir d’avantage les discussions, des agences humanitaires ont apporté leur contribution. L'African Risk Capacity (ARC), réputée pour aider les pays à améliorer leurs capacités de réponse aux catastrophes, a offert des perspectives précieuses. De même, le Programme alimentaire mondial (PAM) et diverses ONG ont partagé leurs expériences sur le terrain, les défis, et les idées découlant de leur travail dans les régions touchées par les catastrophes.
Les différents pays ont partagés leurs expériences, les défis, les succès, et les leçons apprises. Par exemple, Madagascar, connu pour sa vulnérabilité aux aléas climatiques, a apporté des informations sur l'exploitation de partenariats stratégiques pour renforcer la résilience. Le colonel Remi Rolland Rakoto-Andiamanalinarivo, 1er Adjoint au Secrétaire exécutif de la CPGU a la Prémature du Madagascar, a souligné : "Madagascar est un pays à vocation agricole, avec 80 % de sa population engagée dans l'agriculture. Lorsque nous parlons d'assurance agricole, cela a des implications majeures pour l'ensemble du pays, compte tenu de la survenue annuelle de catastrophes telles que les cyclones et les sécheresses, qui affectent négativement les agriculteurs."
Une partie significative du symposium a été consacrée au financement des risques agricoles, reconnu universellement comme un outil essentiel contre les adversités économiques induites par le climat. Les présentations ont exploré les complexités du paysage de l'assurance agricole, en discutant à la fois de l'assurance traditionnelle par indemnité et de l'assurance indicielle.
La discussion sur l'utilisation croissante de l'assurance agricole basée sur la météo a montré que l'assurance agricole évolue. Cette évolution est en cours grâce à des partenariats, à la sensibilisation des agriculteurs, à l'utilisation d'outils numériques et à une approche axée sur les besoins des agriculteurs. Cela nous montre où va le financement des risques agricoles à l'avenir.
Ci-dessous des aperçus recueillis auprès des délégations, offrant une vue d'ensemble complète des informations partagées parmi les participants :
M. Souleiman Tosun, Conseiller économique, Ambassade du Royaume des Pays-Bas, Dakar, Sénégal : "Lorsque nous examinons le processus de développement après les catastrophes, nous constatons aujourd'hui que plus d'un milliard de personnes dans le monde sont touchées par des catastrophes naturelles. Assurer notre processus de développement est crucial," souligne Tosun, mettant en évidence la nécessité d'un développement durable face aux défis climatiques.
M. Moustapha Fall, Directeur Général - CNAAS : Fall ajoute, "L'assurance indicielle occupe une place très importante dans le système de l'assurance agricole au Sénégal. D'abord, ce qu'il faut signaler, c'est que l'assurance agricole occupe une place importante dans la gestion des risques au niveau du gouvernement du Sénégal, qui a initié la création de cette compagnie. Et depuis le démarrage de nos activités, l'assurance indicielle occupe une place très importante aujourd'hui, au bout de dix ans, l'assurance indicielle est devenue le produit phare de nos produits d'assurance, apportant plus de cinquante pourcent de notre chiffre d'affaires et couvrant plus de six cents mille producteurs sénégalais assurés, devenant ainsi le premier produit d'assurance pour la compagnie," illustrant le rôle vital qu'elle joue dans la gestion des risques au Sénégal et sa croissance en tant que produit phare du pays.
Farid Wangara, Directeur des Opérations - ACRE Africa : Wangara reflète : "Nous sommes dans le secteur de l'assurance agricole depuis plus de 10 ans," mettant en avant l'expérience considérable de l'organisation. "Ces enseignements nous ont permis de comprendre le paysage de l'assurance agricole, en particulier en ce qui concerne l'assurance indicielle. Nous sommes passés d'un point où nous avions une marge de base très élevée avec les produits indiciels, à présent, nous avons réduit cette marge à presque 2 %, ce qui est presque négligeable. Ce sont des enseignements que nous avons recueillis en travaillant avec les petits agriculteurs. Nous espérons ainsi partager les connaissances que nous acquérons et établir des partenariats avec différents pays. Depuis le symposium, nous constatons déjà que nous collaborons activement avec des régulateurs sur divers projets dans les régions de ces pays. Ce partage de connaissances, accompagné des innovations que nous développons, est essentiel. Par exemple, nous avons mis au point ce que nous appelons l'assurance basée sur des photos, où les agriculteurs peuvent surveiller eux-mêmes leurs cultures. À travers des recherches approfondies, nous avons constaté que cela aide les agriculteurs à devenir des participants actifs dans le parcours des produits d'assurance," souligne Wangara.
Marie Vincent Katshingu, Sous-Directrice Chargée du Contrôle à ARCA : Marie Vincent Katshingu souligne la promesse de l'assurance indicielle, affirmant : "La promesse que nous attendons de l'assurance indicielle est de fournir un filet de sécurité pour les agriculteurs et les personnes touchées par les sécheresses, permettant une compensation rapide pour réduire leur vulnérabilité à la pauvreté."
Humphrey Mulele, Gestionnaire à Mayfair Zambia : "Nous sommes tous exposés au risque climatique, que nous venions d'Afrique de l'Ouest, d'Afrique de l'Est, etc. Il sera important de tirer des leçons des autres régions et de voir les mécanismes qu'elles mettent en place pour faire face au risque climatique et pour faire face aux problèmes d'échelle et de diversification."
Avit Roxane Desire, Ministre de l'Agriculture, Côte d'Ivoire : "Donc déjà au niveau de l'agriculture, nous pensons que ce mécanisme est vraiment important à développer et permettra de soutenir l'activité agricole, soutenir nos producteurs et trouver ensemble des solutions pour faire face à tout ce qui est des problèmes de trésorerie, et pour assurer même l'activité, la pérennité de l'activité agricole."
Au milieu des discussions animées, une proposition qui a retenu l'attention était la conceptualisation d'une facilité régionale de financement des risques climatiques. Le paysage actuel des solutions d'assurance souveraine présente un biais discernable en faveur des adversités liées à la sécheresse. Cependant, le changement climatique ne se résume pas aux seules sécheresses. Les inondations, les cyclones et d'autres phénomènes météorologiques extrêmes posent également des risques importants. La facilité régionale de financement des risques climatiques proposée sera conçue comme une offre compréhensive permettant la protection contre une large gamme de chocs climatiques. Les objectifs potentiels d’une telle facilité régionale seront de : garantir que les ressources puissent être rapidement mobilisées et allouées en cas d'urgence et fournir un cadre financier prévisible permettant aux ministères des Finances d’appuyer de manière efficace.
Le symposium a mis en lumière le Programme régional de réponse aux situations d'urgence (REPAIR) avec les pays de la Communauté de développement d'Afrique australe-CDAA. Cette initiative, qui vise à établir un Fonds régional de financement des risques climatiques, offre un modèle adaptable et évolutif. De tels projets ne se résument pas seulement à des fonds ; ils sont le symbole d'une volonté collective, d'un engagement partagé entre les pays pour renforcer leur préparation financière et opérationnelle face aux défis multifacettes posés par le changement climatique.
Le Symposium de Dakar, organisé par le GIIF de la Banque mondiale s’est tenu en plein milieu d'une période de transformation du secteur agricole en Afrique de l’Ouest, visant à promouvoir une meilleure durabilité, résilience, et protection des moyens de subsistance des agriculteurs et des populations les plus vulnérables. Nous sommes convaincus que les connaissances et les idées acquises lors de ce Symposium joueront un rôle crucial dans l'élaboration des futures opérations en matière d'assurance agricole. Nous espérons que les enseignements tirés de ce symposium, ainsi que l'analyse des opportunités pour exploiter les marchés privés et les solutions d'assurance, contribueront au développement de stratégies efficaces pour relever les défis identifiés.
Nous remercions tous nos participants qui se sont joints à nous au cours de la semaine de partage de connaissances, et les représentants des pays interviewés ci-dessus pour leur contribution à cette lettre d'information.
Photo de gauche à droite : Bassirou Sarr, Fatou Assah et Olivier Mahul. (1) Conseiller technique du Ministère de l'Économie et des Finances (MEF), Gouvernement du Sénégal ; (2) Responsable mondial, Groupe Conseil aux Institutions Financières, Société financière internationale (IFC) ; (3) Directeur de la pratique, Programme de Financement et d'Assurance des Risques liés aux Catastrophes, Pratique mondiale de la Finance, de la Compétitivité et de l'Innovation, Groupe de la Banque mondiale (GBM).